Face à une situation sanitaire inédite imposant de longues périodes de fermeture aux commerces de...
Commerces de proximité, transformation digitale et COVID-19
Depuis décembre 2019, le monde entier vit une situation inédite de crise sanitaire.
En seulement quelques jours, la société s’est organisée : commerces et écoles fermés, confinement et télétravail obligatoires, approvisionnements et livraisons limités, autant de conséquences dues à la pandémie.
Et, le 15 mars dernier, le Gouvernement Français annonçait la fermeture de tous les commerces considérés comme non essentiels. La vente en ligne et les livraisons restaient cependant autorisées.
La vente en ligne reste toutefois un dispositif exploité de manière très marginale et inégale par les commerçants de proximité, et demeure pour certains mêmes inaccessible pour faute de connaissance ou de ressources.
Pour d’autres exploitant déjà la vente en ligne ou ceux qui ont su s’embarquer rapidement dans la voie du e-commerce, le résultat est parfois impressionnant.
Une transition vers le e-commerce accélérée
Les français se sont tournés très rapidement et massivement vers le commerce en ligne pour se faire livrer vêtements, électroménagers, alimentation… Face à cette situation, les géants du commerce se sont organisés. Mais qu’en est-il des commerces de proximité ou des structures qui ne sont pas digitalisées ? Comment faire face à des dispositifs d’une telle ampleur ?
Cette problématique semble être reconnue par les Français qui multiplient les messages de soutien et encouragent leur prochain à consommer local pour aider leurs commerces de proximité. Au-delà d’un engagement de la part des consommateurs, de nombreuses initiatives portées par des startups et entreprises digitales voient le jour pour permettre aux commerçants de mettre en place un système de vente en ligne en quelques clics et à moindre coût.
Ollca, par exemple, leur ouvre les portes de la vente en ligne. Ainsi, les français peuvent commander les produits de leurs commerçants de proximité sur leur boutique en ligne et se faire livrer. Autre exemple, Tastycloud, solution partenaire de PayGreen qui permet aux consommateurs de payer avec leurs cartes titres-restaurant dématérialisées, a décidé d’aider les restaurateurs en leur proposant son outil de vente en ligne gratuitement pendant toute la durée du confinement.
Cet élan de solidarité émanant à la fois des consommateurs que des entreprises pour aider les plus petits commerces à survivre à cette crise met d’autant plus en lumière la concurrence avec les géants du e-commerce comme Amazon qui avait annoncé 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2018 en France. Carrefour, Casino, Franprix et Monop’, ont quant à eux mis en place des actions pour accroître leurs ventes en développant des partenariats avec Deliveroo et Uber Eats qui livrent désormais des courses en moins d’une heure ou en développant leurs services drive. Pour autant, la crise n’épargne aucune enseigne aussi prédominante soit-elle et des géants du prêt-à-porter passent du jour au lendemain de plusieurs millions d’euros de bénéfices à zéro faute de site e-commerce.
L’aide proposée par l’Etat avec sa plateforme de formation et d’accueil des commerçants qui souhaitent entamer un processus de digitalisation peut-elle être suffisante pour faire face à une telle concurrence ? Sans un véritable accompagnement pour la transition numérique des commerçants, ce fossé qui ne fait que croître ne pourra vraisemblablement pas être comblé.
Le e-commerce alimentaire en croissance
Cette situation a notamment généré un électrochoc pour les enseignes de restauration pour qui la fermeture totale des établissements met de nombreuses enseignes en difficulté. La commande en ligne et livraison à domicile sont devenus un levier essentiel de survie à cette période de crise.
Parmi tous les secteurs d’activité confondus, les plateformes de commandes en ligne spécialisées dans l’alimentaire sont celles qui démontrent la plus forte capacité d’adaptation à cette transition numérique forcée. En effet, d’après le baromètre hebdomadaire FoxIntelligence, on assiste à une augmentation de 50% des commandes de e-commerce alimentaire lors de la deuxième semaine de confinement par rapport à l’avant-crise.
Cependant, alors que les ventes en ligne dans les secteurs de la restauration à emporter et de l’alimentaire explosent, quelle part représenteront celles-ci en sortie de crise ? Tout porte à croire que la digitalisation des points de vente en restauration ne fait que commencer et que cette période de crise ne fait que catalyser une tendance déjà croissante.
Alors que la digitalisation des restaurants, notamment de restauration rapide et points de vente alimentaires illustrent leur adaptabilité à travers l’utilisation de plateformes spécialisées telles drives alimentaires ou plateformes de livraison déjà bien connues des français, certaines enseignes restent néanmoins en marge de cette digitalisation et en payent le prix fort. Ce retard pourra-t-il être rattrapé ?
Une transformation durable du e-commerce
Ce que la crise nous apprend du e-commerce est avant tout son exploitation très inégale à la fois entre les différents secteurs d’activité mais aussi au sein d’un même secteur d’activité. A l’heure où la majorité de la consommation hors produits de première nécessité doit nécessairement se faire en ligne, l’expérience d’achat proposée à l’ensemble des français est déterminante. En effet, cette crise pousse des français de tous âges et toute catégorie démographique à se tourner vers le commerce en ligne pour accéder à certains produits ou services. Ceci concerne notamment les personnes âgées ou personnes en situation d’illectronisme pour qui l’accessibilité des services en ligne est une priorité.
Cette situation de crise fait évoluer la manière dont le e-commerce intervient dans le quotidien de tous les français qui adoptent de nouveaux réflexes de consommation de produits et de services. Ces nouveaux réflexes perdureront pour beaucoup après la crise et forceront les retardataires du e-commerce à se pencher sérieusement sur la question pour apporter une expérience plus accessible et mieux adaptée aux français.
Cette période inédite illustre la nécessité absolue pour les entreprises de multiplier les canaux de distribution et l’importance du e-commerce quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. Le e-commerce sortira très profondément transformé de cette crise qui change la manière de s’approvisionner pour l’ensemble de la population mondiale. La vente en ligne n'apparaît plus seulement comme un complément d’activité ou une manière de lancer sa boutique à moindre coût : il touche désormais tous les acteurs de la société qui payent désormais le prix de son absence ou récoltent le fruit de leur investissement.